Isogrammie

ISOGRAMMIE 2: MÉTHODE DIALOGIQUE ET RESPONSABILITÉ ESTUDIANTINE

Dans l'apprentissage grammatical par l'étude raisonnée des structures fondamentales de la langue, le bon usage de L'Isogramme intègre les connaissances théoriques et les mises en situations. Ainsi suggérons-nous une approche pédagogique portant à la fois sur la communication et sur l'enseignement des structures grammaticales. Ce qui suit est le compte rendu d'expériences pédagogiques conduites par les auteurs. Il va de soi que les éléments suivants ne sont que des suggestions, certaines peuvent cependant s’avérer utiles.

Détenir un bon instrument de travail ne suffit pas toujours à assurer un enseignement efficace, une méthode raisonnée peut s'avérer utile. Pour une session de 50 minutes, quatre séquences de base seront proposées : réitération / clarification, justification, réalisation et explication. Les apprenants disposeront au préalable de la grammaire de référence : L'Isogramme, d'un cahier d'exercices : L'Isogrammex, et de son corrigé. Ces trois éléments, ainsi que l'exposé de la méthode dialogique qui sera mise en œuvre, auront fait l'objet d'une présentation détaillée au début de la session.

PHASE I – RÉITÉRATION / CLARIFICATION

I. a – Les tests de contrôle, administrés lors du cours précédent, peuvent être rendus corrigés, notés et commentés avec précision grâce au système de référence codé de L'Isogramme – avec remise d'un corrigé modèle collectif, photocopié, indiquant les variantes éventuelles des réponses exactes. La projection d'une feuille de réponses sur écran, ou sa transcription sur tableau, restent bien entendu parfaitement valable, mais la photocopie permet de réaliser une économie de temps appréciable et de s'assurer que seules les bonnes réponses vont pouvoir se fixer dans l'esprit de l'apprenant.

I. b – La fonction dialogique peut éventuellement se poursuivre sur la base des variantes qui conduisent l'étudiant à prendre connaissance des différents registres de la langue.

I. c – Alternativement, au début de cette phase, le nouveau test de contrôle peut être administré sans documents et livres fermés. On aura, au préalable, clarifié, complété, précisé, rectifié les points de grammaire qui auraient pu ne pas être bien compris lors du cours précédent.

 

PHASE II – JUSTIFICATION

II. a – A la suite des clarifications grammaticales portant sur la leçon antérieure, l'étudiant, ayant en main L'Isogrammex, a préparé en vérifiant sur son corrigé l'exactitude de ses réponses, les exercices qui lui ont été assignés lors du cours précédent.

II. b – Lors de cette phase intensive de travail en commun, l'échange collectif ne consiste plus à chercher et à donner la bonne réponse (qui est déjà connue), mais à la justifier à partir des principes grammaticaux énoncés dans L'Isogramme.

II. c – Durant cette phase, L'Isogramme restera fermé, à moins que l'enseignant ne juge nécessaire la référence à un point précis ou souhaite éclairer collectivement un aspect annexe aux exercices préparés.

II. dL'Isogramme ayant adopté des principes de synthèse, précision et concision, il est souhaitable de référer les étudiants au texte même aussi souvent que possible, afin qu'ils se familiarisent rapidement avec le détail de son utilisation, en mémorisent le contenu, développent des automatismes référentiels, et en tirent des habitudes de clarté et de précision indispensables au dialogue grammatical.

II. e – Pour l'enseignant, c'est aussi l'occasion d'un enrichissement collectif par le recours aux stratégies dialogiques dans l'une ou dans les deux langues. Il peut désormais, par un dialogue structuré, entrer dans le détail d'une explication, ce qui restait aléatoire tant que les structures de base n'avaient pas été posées ou partiellement assimilées.

II. f – L'absorption des principes grammaticaux à travers la justification favorise une pédagogie qui, en transférant en partie la responsabilité de l'acquisition des connaissances de l'enseignant vers l’enseigné, tend à rendre celui-ci pleinement responsable de son progrès.

II. g – Cette pédagogie du partage effectif des responsabilités implique un bonus pour l'enseignant, libéré par le fait de fournir à l'étudiant une copie du corrigé de la correction individuelle des exercices écrits, il peut désormais accorder plus d'attention à chaque étudiant et consacrer plus de temps aux dialogues de la phase suivante.

 

PHASE III – RÉALISATION

III. a – Phase dynamique de la méthode dialogique où l'interaction enseignant / enseigné est la plus imaginative, et qui comprend l'exploitation des connaissances théoriques inculquées lors de la phase précédente.

III. b – Dans le cadre d'une activité de communication, les stratégies ludiques pour l'implantation des automatismes linguistiques sont reliées aux éléments socio-culturels impliqués dans la situation dialogique choisie (voyages, identités, manières de table, globalisation des échanges, etc.).

III. c – Théorie et pratique peuvent ultérieurement être consolidées par l'étude de textes littéraires ou médiatiques, de bandes dessinées, de brefs segments vidéo, ou de documents choisis par l'enseignant pour illustrer le concept grammatical traité.

III. d – Cette pédagogie ouverte libère l'enseignant de l'imposition de textes et de stratégies conçues par et pour autrui, en lui laissant le choix de créer son propre matériel pédagogique et de décider des stratégies ludiques qu'il juge les mieux appropriées.

 

PHASE IV – EXPLICATION

IV. a – Il s'agit pour l'enseignant de guider ses étudiants sur un terrain qu'ils ne connaissent pas encore, au cours d'une exploration en commun des concepts grammaticaux qu'ils vont devoir étudier individuellement, et appliquer aux exercices qui leur seront assignés pour le cours suivant. Il convient d'éviter de présenter des concepts trop abstraits ou trop exhaustifs, aussi bien que d'instaurer des dialogues onéreux en faisant deviner et maladroitement formuler par l'étudiant ce qui est clairement exprimé dans L'Isogramme. Soit : éviter dans cette phase de poursuivre l'apprentissage oral, par le dialogue et la conversation, qui a été prioritaire lors des phases II et III.

IV. b – Afin d'accroître son efficacité, l'explication peut être en partie conduite dans la langue maternelle des apprenants. Mais en règle générale, l'enseignant devra veiller à ne s'exprimer dans la langue d'apprentissage que dans la mesure où les étudiants en ont une maîtrise suffisante pour leur permettre de saisir sans risque d'erreur les structures en question.

IV. c – L'acquisition des connaissances théoriques et leurs applications à travers les stratégies de la communication peuvent être ici renforcées par des exercices en laboratoire, directement liés aux fiches écrans de L'Isogramme. A défaut de pouvoir disposer du Compugrammex, des exercices collectifs peuvent être conduits suivant le schéma traditionnel : Question/réponse de l'étudiant, puis réponse modèle du maître et sa répétition par l'étudiant. Enregistrés, ces exercices peuvent aussi donner lieu à des sessions de travail individuel.

 

V – CONSIDÉRATIONS ANNEXES

V. a – L'étudiant anglophone, peu versé dans la pratique de la langue française peut, dans un premier temps, utiliser la version anglaise de L'Isogramme. Il pourra ainsi étudier et assimiler les structures grammaticales du français sans être victime de son appartenance linguistique. L'expérience a montré que la mise en immersion tend à « couler » certains de ces étudiants qui, récupérés ensuite par la méthode dialogique, se sont avérés parmi les plus enthousiastes et dont les efforts ont été couronnés de succès.

V. b – La méthode dialogique permet d'acquérir simultanément et progressivement les structures grammaticales indispensables, et une expérience pratique de la langue orale.

V. c – L'enseignement raisonné de la grammaire aux niveaux FLE et FLS par la méthode dialogique trouve sa place au sein d'une approche communicative. Par sa valorisation de la responsabilité estudiantine, L'Isogramme favorise une pédagogie structurée, interactive, ouverte et créatrice, qui peut efficacement contribuer à combler le handicap des isolements géographiques et culturels dans le domaine des enseignements à distance.

J.S., M.L.B., 1992.
« back